Le Président de la République a annoncé, en septembre 2022, sa volonté de faire adopter “un Pacte et une Loi d’Orientation et d’Avenir Agricoles” (PLOAA), pour répondre à un double défi :
- D’une part, la nécessité d’endiguer la disparition des agriculteur·rices : avec 200 fermes qui disparaissent chaque semaine en France, la perspective de départs massifs à la retraite (environ 50% des agriculteur·rices) dans les 10 prochaines années est alarmante.
- D’autre part, la nécessité d’engager la transition agroécologique du secteur en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (l’agriculture est responsable de 20% des émissions en France) et l’impact sur la biodiversité (entre 1989 et 2019, les populations d’oiseaux des milieux agricoles ont diminué de 39 %) tout en aidant les agriculteurs à s’adapter aux crises climatiques.
Par contraste avec ce qui était annoncé comme une “grande loi”, le gouvernement a restreint significativement le champ du projet de loi et a inscrit l’essentiel des mesures dans un “Pacte”, non soumis au débat parlementaire, sur lequel aucune des organisations paysannes (accompagnant aujourd’hui un tiers des installations agricoles sur le terrain) n’ont été consultées. Après un silence de près de 6 mois sur l’élaboration du Pacte, celui-ci sera finalement présenté à la presse et donc rendu public par le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire en décembre 2023.
Ce Pacte et ce projet de loi sont-ils à la hauteur de l’ambition initiale ? Quelles réponses apportent-ils aux enjeux de l’installation des paysan·nes, de la transmission des fermes et de l’accompagnement à la transition agroécologique ? Quelles sont les perspectives concernant le l’examen du texte de loi par le Parlement d’ici l’été 2024 ?
→ Le Collectif Nourrir et ses membres présentent leur analyse.
Éclairage du Collectif Nourrir
Un sérieux problème de méthode dans l’élaboration PLOAA
- Le processus du gouvernement sur le PLOAA a été complètement contradictoire avec l’objectif affiché de “réconcilier agriculture et société”
- Depuis la fin des concertations, énorme opacité sur le processus du Pacte et de la loi, et non-association des acteurs de la société civile et des organisations paysannes (directement concernées sur le terrain) à l’élaboration des textes, malgré de multiples demandes à contribuer.
- Le processus s’est fait en co-gestion, avec la profession agricole majoritaire tandis que le ministre Marc Fesneau a fait le choix de jouer sur les oppositions (prises de parole du ministre décrédibilisant la société civile, annonces officielles lors d’événements de la profession agricole ou par la profession agricole majoritaire directement)
Un manque d’ambition et d’orientation globale pour atteindre les objectifs d’ici l’échéance fixée à 2040 :
- Aucun cap n’est donné sur le nombre d’installations et de transmissions visées et les mesures proposées pour assurer le renouvellement des générations agricoles sont insuffisantes
- Pas de vraie réforme foncière, pourtant indispensable pour relever le défi de l’installation
- Aggravation de la gouvernance du parcours installation-transmission (sous-représentation des organisations paysannes permettant d’accompagner les projets agroécologiques et biologiques)
- Le gouvernement ne cesse de rappeler l’impératif de transition, mais aucun signal n’est donné pour concilier l’installation massive de paysan·nes au virage vers l’agroécologie et l’agriculture biologique
- La Politique Agricole Commune (PAC), politique la plus structurante en ce qui concerne l’installation et la transition, est complètement absente du Pacte et de la Loi et aucune mesure ne prévoit sa révision au niveau français pour permettre une mise en cohérence des politiques
- De nombreuses mesures proposées par le gouvernement sont floues (et renvoyées à de futurs groupes de travail…)
> Retrouvez le communiqué de presse et le positionnement politique du Collectif Nourrir sur le Pacte et la Loi d’Orientation Agricole
Éclairage de SOL — Alternatives Agroécologiques et Solidaires
Rappel des enjeux :
- Le monde agricole est en pleine crise démographique : 1 agriculteur sur 3 non remplacé au cours de la décennie écoulée
- Une situation qui s’explique par de nombreux facteurs, notamment fruit des politiques publiques passées, renforcé notamment par les difficultés du métier (qu’il faut donc rendre plus attractif).
- En agissant sur le terrain, on observe que les personnes qui souhaitent s’installer sont bien plus nombreuses que celles qui s’installent effectivement.
- Il y a nécessité à mieux accompagner, d’un côté, les personnes qui veulent s’installer (dont une majorité de candidat·es non issus du milieu agricole (NIMA)) et, de l’autre, les personnes qui prennent leur retraite mais qui, à l’heure actuelle, ne transmettent pas systématiquement leur exploitation.
- Dans le pacte présenté en décembre, les dispositions relatives à ces questions d’accompagnement sont réunies dans la partie intitulée : “Faire de nouvelles installations et des transmissions des accélérateurs de transitions en refondant leur accompagnement” → Si nous souscrivons complètement à cet objectif, la réforme annoncée du parcours d’accompagnement n’est pas rassurante.
Création de France Services Agriculture, futur “parcours unique” à l’installation et à la transmission :
- Officiellement, volonté de réunir dans cet espace la pluralité des formes et modalités d’accompagnement à l’installation existants, pour accompagner “TOUS” les candidats à l’installation et cédants de fermes. OR, le projet de loi prévoit que la gestion du parcours et l’orientation des candidat·es soit assurée par les Chambres d’Agriculture. Cela correspond en fait à une forme de continuité-renforcement de ce qui est actuellement proposé et qui a pourtant montré ses limites. En témoigne le fait que la majorité des personnes qui s’installent aujourd’hui ne passent pas par le parcours car elles n’y trouvent pas les réponses et l’accompagnement nécessaires pour voir réussir leur projet.
- Cette réforme de l’accompagnement à l’installation-transmission est l’occasion de mettre en place un système qui incite, oriente, soutient la mise en place de pratiques agroécologiques et biologiques. Pourtant, nous nous orientons actuellement vers un verrouillage plus fort d’un parcours à l’installation qui est en l’état trop focalisé sur la performance économique des futures exploitations. Ce point questionne fortement notre capacité à atteindre les objectifs de transition écologique.
- Proposer un accompagnement unique, dominé par un acteur, ne convient pas aux profils et projets d’installation actuels qui sont très divers → Pour nous, il est indispensable que toutes les organisations et associations qui proposent des accompagnement et formations sur le territoire soient reconnues, participent à l’animation et aient un poids dans la gouvernance de cet espace commun.
- A date, aucune proposition d’ordre législatif ou réglementaire ne permet de garantir que la diversité des accompagnements existants sera effectivement présente et valorisée dans les parcours. C’est d’autant plus inquiétant que :
- Le Projet de Loi indique que le passage par France Services Agriculture sera obligatoire > système d’attestation qui pourrait même devenir un élément conditionnant l’accès à certains dispositifs, notamment de financement.
- Nous serons dans un système où les Chambres auront un intérêt, notamment économique, à favoriser l’orientation des porteurs de projet vers elles-mêmes.
- Nos organisations ont obtenu des promesses orales du Ministère que les discussions vont se poursuivre sur l’organisation du parcours pour créer les garanties de pluralité et contrôler l’action des Chambres. Mais aucune mention écrite n’est faite dans le PLOAA alors qu’une diversité de représentants politiques, notamment de centre-droit, sont sensibles à cette problématique et prêts à porter des modifications du projet de loi en ce sens.
Autre mesure phare, la création d’un diagnostic modulaire :
- Diagnostic en 3 modules qui vise à produire une évaluation : de la performance économique, sociale et environnementale des exploitations ; de la capacité de résilience des exploitations face aux changements climatiques ; de la qualité des sols.
- En l’état, ces diagnostics permettront surtout de faire une photo de l’état de l’exploitation et le pacte insiste sur le fait qu’ils seront mobilisables notamment lors des négociations en cas de vente de l’exploitation.
- Mais si l’on revient encore une fois à l’objectif du PLOAA (la transition des pratiques), il semble assez indispensable que la réalisation des diagnostics soit associée à la mise en place de mesures pour que les agriculteur·rices soient accompagné·es dans l’adaptation de leurs pratiques dès lors qu’un manque de résilience de l’exploitation est constaté.
- Il est encore nécessaire de préciser les modalités d’élaboration de ces diagnostics et leur organisation : les réseaux paysans disposant déjà d’un ensemble d’outils de diagnostics efficients sont prêts à s’inscrire dans une démarche de co-construction avec l’État et les Régions.
Conclusion
- En résumé, les annonces sont assez inquiétantes et doivent encore être précisées et complétées. Cela vaut aussi pour les modalités de financement de ce nouveau parcours.
- Les objectifs — intrinsèquement liés — de renouvellement des générations agricoles et de transition appellent selon nous à une réforme profonde de la gouvernance et des logiques d’accompagnement des futurs agriculteurs et des agriculteurs pour accompagner plus, mieux et dans une démarche cohérente avec les enjeux de transition.
> Retrouvez le communiqué de presse de la Coalition Installons des Paysans
Éclairage de la Fédération Nationale Terre de Liens
Analyse générale
- Le Pacte passe à côté de la nécessaire réforme du foncier agricole. Le gouvernement justifie cela en disant que les acteurs de la concertation sont globalement d’accord avec un statu quo sur ce sujet, ce qui n’est pas vrai (en témoignent les réactions des organisations professionnelles agricoles suite à la publication du Pacte mi-décembre 2023).
- Le Pacte ne prévoit pas de modification des modalités d’accès à la terre, qui constituent le principal obstacle à l’installation pour la plupart des candidat·es, en particulier ceux qui ne sont pas issus du milieu agricole (NIMA) ou qui s’installent hors du cadre familial. En effet, l’accès à la terre représente un investissement important en début de carrière = 200 000€ pour une installation moyenne sur 35 ha.
- Faute de mieux réguler les marchés fonciers, la concentration foncière, largement sous-estimée, va se poursuivre. Aujourd’hui, les 2/3 des surfaces libérées conduisent à l’agrandissement et à une logique continue de concentration et de financiarisation de l’agriculture qui favorise une simplification des systèmes de production.
Points négatifs / risques principaux liés au Pacte
- Le Pacte et la loi prévoient la création d’une nouvelle forme juridique, les “GFAI”, qui risque d’aggraver le phénomène de financiarisation et de concentration des terres agricoles. Le groupement foncier agricole d’investissement (GFAI) est une nouvelle forme de fonds d’investissement destinée au portage du foncier agricole qui permettrait de mobiliser des ressources financières privées pour l’acquisition et la gestion de terres agricoles. Ce dispositif, adopté par le Sénat en octobre (PPL Paoli-Gagin, lire notre communiqué) met l’accent sur l’attractivité pour des investisseurs. Non seulement cet outil ne répond pas aux difficultés d’installation agricole, mais il accentue la financiarisation du foncier agricole.
- L’orientation du portage foncier vers des investisseurs privés a pour priorité un retour sur investissement financier (lucrativité). Cela entraînera une sélection des agriculteur·trices capables de payer les loyers les plus élevés. De fait, les porteurs et porteuses de projet les plus à même de mettre en œuvre la transition agroécologique seront écarté·es, car tourné·es vers des surfaces et des loyers plus faibles, cohérents avec des pratiques agroécologiques et créatrices d’emploi.
Points positifs et/ou à améliorer :
- Le Pacte prévoit la modification des règles de priorité afin de préserver les surfaces en agriculture biologique et d’encourager des pratiques agricoles écologiques. Cela signifie que dans certaines zones (les aires d’alimentation prioritaires de captage) des pratiques agro-écologiques(au sens large, donc : bio, Haute Valeur Environnementale, élevage extensif…) se verront octroyer la priorité dans le cas d’un agrandissement. Si la mesure a le mérite d’exister, il est indispensable de la renforcer :
- étendre à l’ensemble du territoire français au lieu de la réserver aux seules zones dites “remarquables”
- resserrer la définition des pratiques agroécologiques (ne pas considérer bio et HVE au même niveau)
- introduire des critères relatifs à l’augmentation de l’emploi (par unité de surface)
- favoriser les productions actuellement déficitaires
- Le Pacte prévoit la mise en place d’un outil de portage foncier et de capitaux “Entrepreneurs du Vivant” : intéressant pour appuyer une partie des installations MAIS nécessité de privilégier les fonds publics et citoyens, d’utiliser le fond pour les projets agroécologiques et les projets de NIMA, etc.
- Point sur les volumes : Sur les 400 millions € prévus pour ce fonds, environ 15 % seraient consacrés au portage foncier de moyen terme, soit une enveloppe de 60 à 80 millions d’euros. Ce montant est dérisoire : en une seule année, les volumes échangés sur le marché des terres s’élèvent à 7 milliards d’euros. L’enveloppe consacrée au foncier dans le fonds “entrepreneur du vivant” concernera donc 0,1% des terres agricoles qui se vendent chaque année.
- Point sur les bénéficiaires finaux : L’État doit encourager le développement des structures de portage foncier tout en orientant leur action vers les besoins de la société : la préservation des ressources naturelles et la souveraineté alimentaire. Et veiller à ce que les fonds ou garanties publiques mobilisées pour les dispositifs de portage foncier visent l’intérêt général et non l’enrichissement des investisseurs privés : encadrer le prix de revente de terres acquises en portage foncier, afin de garantir une propriété non spéculative ; orienter les dispositifs de portage foncier vers le développement de fermes agroécologiques.
Conclusion sur ce que devrait être une réelle réforme foncière
La problématique foncière est nécessairement plus large que celle du portage foncier, principale mesure foncière que le gouvernement veut mettre en place via le Pacte. Une vraie réforme foncière est pourtant nécessaire :
- Il faut rénover les outils d’orientation du foncier que sont les SAFER et le contrôle des structures pour orienter les terres en faveur du renouvellement des générations et de l’écologisation des pratiques agricoles. Cela commence par revoir la façon dont les schémas directeurs des exploitations agricoles (SDREA), qui orientent les SAFER et le contrôle des structures, sont rédigés et appliqués. Les priorités des SDREA doivent être, sur l’ensemble du territoire, les installations qui créent de l’emploi, de la valeur ajoutée par unité de surface en déployant des pratiques agroécologiques .
- Il faut également mettre en place un observatoire opérationnel qui recense exhaustivement : les unités de production agricole pour savoir qui possède le foncier et qui en a l’usage, pour permettre notamment d’identifier les bénéficiaires effectifs des sociétés agricoles, les surfaces qu’ils contrôlent, en distinguant parmi ceux-ci les agriculteurs actifs, les projets de vente de biens immobiliers agricoles, de parts de sociétés agricoles et des projets de location. Cela permettra d’endiguer les phénomènes d’accaparement des terres et de financiarisation des terres, des tendances qui freinent l’installation des nouveaux agriculteurs en faisant de la terre agricole un objet de spéculation.
> Retrouvez le communiqué de presse de Terre de Liens
Éclairage de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO)
Analyse générale
- Aucune mesure ne s’attelle en particulier à la préservation de la biodiversité qui est pourtant un enjeu crucial et prioritaire pour l’agriculture de demain, malgré nos nombreuses alertes sur le sujet lors des concertations.
- Rien de concret non plus sur la sobriété de l’utilisation des ressources naturelles. Bien au contraire, sur le sujet “eau”, il est question de faciliter et d’accélérer les projets de stockage (méga-bassines), alors que les périodes de sécheresse s’intensifient.
- Plus globalement l’ambition initialement affichée d’accélération de la transition agroécologique ne se retrouve pas dans le Pacte (pas plus que dans la loi) : le gouvernement parle de “transitions”, mais on note l’absence de soutien massif effectif à l’agroécologie paysanne et au bio.
- Le discours du gouvernement est même contradictoire : il est annoncé que le Pacte s’inscrit dans la planification écologique (sans indiquer de leviers concrets) tandis qu’il prend à l’inverse des dispositions confortant le modèle industriel, in fine défavorables pour le modèle paysan et agroécologique (=> soutien clair aux modèles d’élevage intensif et aux modèles agricoles intensifs faisant appel à l’irrigation)
- En pratique, le Pacte et la Loi d’ORIENTATION Agricole n’offrent aucune “orientation” vers le modèle agroécologique, seul modèle efficace pour faire face aux crises à venir.
Points négatifs / points d’alerte :
Le Pacte prévoit d’accélérer les projets d’industrialisation de l’élevage et de méga-bassines, justifiées comme nécessaires pour l’“accélération des transitions écologique et climatique” alors qu’elles vont complètement à l’encontre de la transition et sont contraires à la planification écologique.
Élevage
- Le soutien aux élevages vertueux (pâturage, plein air) est identifié comme un levier clé de la planification écologique. Pourtant, le Pacte ne prévoit aucune mesure de soutien spécifique.
- Le “Plan de souveraineté de l’élevage” prévu par le Pacte n’a pas été discuté avec les parties prenantes au sens large, mais uniquement avec les filières et sans la société civile. Il ne contient aucune mesure de soutien à l’élevage paysan, agroécologique, bio, etc, uniquement des mesures liées à la communication et aux enjeux sanitaires.
- Le Pacte vient au contraire encourager directement le développement des filières industrielles d’élevage :
- en introduisant la création d’un groupe de travail visant à faciliter les projets de bâtiments d’élevage “IPCE” (bâtiments d’élevage intensif), alors même que leur impact négatif sur les milieux naturels, le bien-être animal, etc, est connu.
- en explorant la possibilité de mettre en place une “présomption d’urgence” en cas de contentieux avec une association qui s’opposerait à une telle construction ou en encadrant les délais de recours contre ces constructions.
Gestion de la ressource en eau
- Les méga-bassines sont pointées du doigt par les ONG et les scientifiques comme une “mal-adaptation” à la crise climatique. Pourtant, le gouvernement, via le Pacte, vise à “sécuriser juridiquement et accélérer des projets d’ouvrages de stockage hydraulique agricole, notamment au regard du risque contentieux”, c’est-à-dire rendre plus difficile les recours juridiques que peuvent déposer les associations contre les projets de méga-bassines notamment.
- Il faudrait au contraire favoriser les autres solutions comme les retenues collinaires, l’irrigation individuelle ou encore accompagner les exploitations intensives dans la transition vers un usage raisonné de la ressource en eau, mais en aucun cas soutenir les projets de bassines pour des productions de fourrage animale ou des productions dédiées à l’export qui constituent une fuite en avant d’un modèle agricole à bout de souffle.
Points à améliorer :
- Le Pacte prévoit un “Fonds de garantie” pour sécuriser les dettes des agriculteurs (l’État apporterait une garantie aux agriculteurs contractant des prêts). Dans le contexte actuel de surendettement des agriculteurs, l’État devrait plutôt se concentrer sur l’allégement des dettes existantes des agriculteurs qui souhaitent se lancer dans une démarche de transition (car le surendettement est un des principaux freins au changement de pratiques), et encourager les modèles agricoles dits plus “autonomes” (les modèles paysans notamment), qui nécessitent moins de s’endetter et qui sont donc plus résilients économiquement.
- Quelques mesures positives restent à préciser et à orienter davantage vers l’agroécologie paysanne et le bio :
- l’évolution de l’éducation agricole pour y intégrer les questions de transitions : très positif en soi mais à orienter réellement vers l’agroécologie, l’agronomie, le bio, etc
- Quelques mesures allant de le sens de “transitions” restent trop floues à ce stade :
- Une mesure de soutien financier aux Projets Alimentaires Territoriaux (PAT)
- La création d’un fonds pour la souveraineté et les transitions
- Un plan engrais : parle d’augmenter la souveraineté en engrais mais pas d’en réduire la consommation
- L’axe centré sur l’installation-transmission est présenté comme un “accélérateur de transitions” et constitue une réelle opportunité privilégiée d’accompagner les transitions et de permettre aux nouveaux installés d’assurer une meilleure résilience économique et environnementale. Mais en réalité, le parcours n’est pas construit pour orienter vers les modèles agroécologiques paysans et bio. La seule mesure “transition” du parcours installation-transmission est la mise en place d’un diagnostic stress-test climatique et santé des sols mais qui sera effet sur les pratiques sans prévoir un accompagnement humain et technique pour s’orienter vers l’agroécologie paysanne et l’agriculture biologique. Le gouvernement justifie cela en disant qu’il faut “accompagner la diversité des modèles”. Cet élément de langage visant à ne pas froisser la profession agricole majoritaire omet une réalité : continuer de soutenir et de financer les modèles industriels est une fuite en avant qui ne constitue aucune solution viable sur le long terme.
- Pas de mention à la PAC et à la révision du Plan Stratégique National de la France, alors que c’est le 1er levier pour réorienter les pratiques et ainsi faire vraiment un Pacte et une loi d’orientation.
Le Collectif Nourrir et ses membres continueront d’être mobilisés autour de la LOA (rédaction de propositions d’amendements, colloque à l’Assemblée Nationale, rendez-vous avec les parlementaires, etc) et d’alerter et de sensibiliser l’opinion publique sur les enjeux sociétaux autour de cette loi.
Nous demandons et attendons que l’ambition de la loi soit relevée lors de son examen au Parlement d’ici l’été 2024.
→ Retrouvez le communiqué de presse et le positionnement politique du Collectif Nourrir sur le Pacte et la Loi d’Orientation Agricole