VISION DU COLLECTIF NOURRIR : Demain, quel système agricole et alimentaire, pour quelle société ?

Les 54 organ­i­sa­tions rassem­blées au sein du Col­lec­tif Nour­rir sont toutes con­va­in­cues qu’une refonte du sys­tème agri­cole et ali­men­taire français est néces­saire. Parce que les enjeux et les acteurs impliqués sont mul­ti­ples et urgents à adress­er, les mem­bres du Col­lec­tif Nour­rir pensent que c’est en tra­vail­lant ensem­ble — paysan.ne.s et citoyen.ne.s — que des solu­tions effec­tives peu­vent émerg­er. Nous pub­lions aujourd’hui notre vision du sys­tème vers lequel nous souhaitons aller ensem­ble, celui que nous savons être le plus souhaitable pour notre société : un sys­tème agri­cole et ali­men­taire juste, écologique et démocratique.

Pourquoi réfléchir au système agricole et alimentaire que l’on souhaite ?

L’a­gri­cul­ture française a déjà fait l’objet d’une muta­tion impor­tante sous l’impulsion des poli­tiques publiques. La mise en place de la poli­tique agri­cole com­mune (PAC) en 1962 a per­mis de mod­erniser l’agriculture, d’augmenter la pro­duc­tiv­ité et de nour­rir la pop­u­la­tion au sor­tir de la Sec­onde Guerre mon­di­ale. Mais si les poli­tiques publiques ont alors su ori­en­ter le secteur dans l’intérêt de la société, la pour­suite d’une stratégie pro­duc­tiviste pen­dant 60 ans, sans réelle remise en ques­tion du sys­tème, ni adap­ta­tion aux évo­lu­tions et au con­texte, a entraîné des con­séquences néga­tives majeures sur l’environnement, la san­té des français et l’agriculture elle–même, en la ren­dant inadap­tée aux mul­ti­ples crises cli­ma­tiques, san­i­taires, économiques et sociales actuelles.

Par ailleurs, le secteur agri­cole et ali­men­taire français, aujourd’hui dom­iné par l’a­gro-indus­trie et la grande dis­tri­b­u­tion, sert les intérêts économiques de quelques uns à court terme, tout en ayant de nom­breux effets délétères :

  • déclin rapi­de du nom­bre de paysan·ne·s
  • effon­drement de la biodiversité
  • con­tri­bu­tion sig­ni­fica­tive du secteur aux émis­sions de gaz à effet de serre
  • pro­duc­tion d’aliments nutri­tion­nelle­ment pauvres
  • incom­pat­i­bil­ité avec le bien-être animal
  • inhala­tion ou inges­tion de sub­stances toxiques
  • explo­sion des mal­adies dues à un régime ali­men­taire déséquilibré
  • vul­néra­bil­ité aux fluc­tu­a­tions des marchés internationaux
  • déstruc­tura­tion des fil­ières et marchés locaux des pays du Sud via nos exports

Pour assur­er l’avenir du secteur agri­cole français, une nou­velle tran­si­tion de nos sys­tèmes ali­men­taires est inévitable. Parce que les citoyen·ne·s et les paysan·ne·s sont les premier·ère·s concerné·e·s et parce que nos organ­i­sa­tions tra­vail­lent au quo­ti­di­en sur les réelles solu­tions durables à soutenir sur le ter­rain, le Col­lec­tif Nour­rir a tra­vail­lé à sa vision du sys­tème agri­cole et ali­men­taire de demain.

Un seul système à privilégier : l’agroécologie paysanne

Le seul sys­tème, à même de con­stru­ire un avenir plus durable et équitable pour tous, est un sys­tème agroé­cologique répon­dant aux deman­des élaborées col­lec­tive­ment et démoc­ra­tique­ment par les citoyen·ne·s et les paysan·ne·s, respectueux de la san­té et du bien-être ani­mal, et four­nissant une pro­duc­tion ali­men­taire diver­si­fiée de qual­ité ain­si que des ser­vices envi­ron­nemen­taux, soci­aux et économiques aux ter­ri­toires qu’ils font vivre. Il recon­naît égale­ment la mul­ti­fonc­tion­nal­ité de l’agriculture, sans can­ton­ner les paysan·ne·s à un rôle d’entretien du paysage et les rémunère équitable­ment pour les ser­vices qu’ils ren­dent à la société. Il s’appuie sur des pra­tiques et des tech­niques dont la via­bil­ité et la per­ti­nence font l’objet d’un con­sen­sus sci­en­tifique de plus en plus éprou­vé à l’échelle internationale.

Enfin, au sein de ce sys­tème, les fil­ières sont rac­cour­cies et relo­cal­isées à des échelles per­ti­nentes, favorisant l’emploi rur­al, la déspé­cial­i­sa­tion des ter­ri­toires et ain­si leur autonomie ali­men­taire. Les rela­tions com­mer­ciales Nord-Sud sont rééquili­brées pour per­me­t­tre aux fil­ières locales de se dévelop­per et pour con­di­tion­ner les impor­ta­tions de pro­duits du Sud à une juste rémunéra­tion des paysan·ne·s et aux pra­tiques agroécologiques.

Revenu, emplois, ter­ri­toires, ali­men­ta­tion, san­té, bien-être ani­mal, envi­ron­nement, résilience, autonomie, démoc­ra­tie, sol­i­dar­ité, approche col­lec­tive : pour que la tran­si­tion soit sys­témique, le Col­lec­tif Nour­rir donne sa vision des change­ments à opér­er pour répon­dre à cha­cun de ces enjeux.

Décou­vrez notre vision ici