Pourquoi réfléchir au système agricole et alimentaire que l’on souhaite ?
L’agriculture française a déjà fait l’objet d’une mutation importante sous l’impulsion des politiques publiques. La mise en place de la politique agricole commune (PAC) en 1962 a permis de moderniser l’agriculture, d’augmenter la productivité et de nourrir la population au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Mais si les politiques publiques ont alors su orienter le secteur dans l’intérêt de la société, la poursuite d’une stratégie productiviste pendant 60 ans, sans réelle remise en question du système, ni adaptation aux évolutions et au contexte, a entraîné des conséquences négatives majeures sur l’environnement, la santé des français et l’agriculture elle–même, en la rendant inadaptée aux multiples crises climatiques, sanitaires, économiques et sociales actuelles.
Par ailleurs, le secteur agricole et alimentaire français, aujourd’hui dominé par l’agro-industrie et la grande distribution, sert les intérêts économiques de quelques uns à court terme, tout en ayant de nombreux effets délétères :
- déclin rapide du nombre de paysan·ne·s
- effondrement de la biodiversité
- contribution significative du secteur aux émissions de gaz à effet de serre
- production d’aliments nutritionnellement pauvres
- incompatibilité avec le bien-être animal
- inhalation ou ingestion de substances toxiques
- explosion des maladies dues à un régime alimentaire déséquilibré
- vulnérabilité aux fluctuations des marchés internationaux
- déstructuration des filières et marchés locaux des pays du Sud via nos exports
Pour assurer l’avenir du secteur agricole français, une nouvelle transition de nos systèmes alimentaires est inévitable. Parce que les citoyen·ne·s et les paysan·ne·s sont les premier·ère·s concerné·e·s et parce que nos organisations travaillent au quotidien sur les réelles solutions durables à soutenir sur le terrain, le Collectif Nourrir a travaillé à sa vision du système agricole et alimentaire de demain.
Un seul système à privilégier : l’agroécologie paysanne
Le seul système, à même de construire un avenir plus durable et équitable pour tous, est un système agroécologique répondant aux demandes élaborées collectivement et démocratiquement par les citoyen·ne·s et les paysan·ne·s, respectueux de la santé et du bien-être animal, et fournissant une production alimentaire diversifiée de qualité ainsi que des services environnementaux, sociaux et économiques aux territoires qu’ils font vivre. Il reconnaît également la multifonctionnalité de l’agriculture, sans cantonner les paysan·ne·s à un rôle d’entretien du paysage et les rémunère équitablement pour les services qu’ils rendent à la société. Il s’appuie sur des pratiques et des techniques dont la viabilité et la pertinence font l’objet d’un consensus scientifique de plus en plus éprouvé à l’échelle internationale.
Enfin, au sein de ce système, les filières sont raccourcies et relocalisées à des échelles pertinentes, favorisant l’emploi rural, la déspécialisation des territoires et ainsi leur autonomie alimentaire. Les relations commerciales Nord-Sud sont rééquilibrées pour permettre aux filières locales de se développer et pour conditionner les importations de produits du Sud à une juste rémunération des paysan·ne·s et aux pratiques agroécologiques.
Revenu, emplois, territoires, alimentation, santé, bien-être animal, environnement, résilience, autonomie, démocratie, solidarité, approche collective : pour que la transition soit systémique, le Collectif Nourrir donne sa vision des changements à opérer pour répondre à chacun de ces enjeux.