Comprendre la transition de l’élevage

Nos constats sur l’industrialisation grandissante de l’élevage

Les organ­i­sa­tions mem­bres du Col­lec­tif Nour­rir sont unanimes sur la néces­sité de faire évoluer les sys­tèmes d’élevage, notam­ment pour enray­er le phénomène d’industrialisation. Par­mi l’ensemble des ani­maux d’élevage en France, 80% sont dans des sys­tèmes inten­sif­s¹. Ce chiffre con­cerne surtout les volailles et les porc­s², qui représen­tent un nom­bre impor­tant d’animaux élevés.

Les organ­i­sa­tions mem­bres du Col­lec­tif Nour­rir emploient par­fois le terme de « pro­duc­tions ani­males indus­trielles », tant il devient dif­fi­cile de con­tin­uer de con­sid­ér­er l’activité comme de l’élevage dans cer­tains cas ! S’il faut com­bat­tre ces  sys­tèmes indus­tri­al­isés, c’est parce qu’ils ont des impacts majeurs : 

  • sur l’environnement : émis­sions de gaz à effet de serre (GES) directs et indi­rects, pol­lu­tion de l’air, des sols et des eaux, perte de bio­di­ver­sité, déforesta­tion et la sur­con­som­ma­tion de ressources (une par­tie impor­tante des céréales pro­duites sert à nour­rir les ani­maux d’élevage).
  • sur le revenu paysan et les con­di­tions de tra­vail en éle­vage :  l’industrialisation de l’élevage est sou­vent syn­onyme d’une perte d’autonomie économique et déci­sion­nelle, cause impor­tante du mal-être paysan. Le coût de pro­duc­tion est tiré au max­i­mum vers le bas, en dimin­u­ant notam­ment la rémunéra­tion de l’éleveur·se
  • sur le bien-être des ani­maux : les ani­maux claus­trés en bâti­ment sans accès extérieur, pour par­tie encore en cages, soumis à de fortes den­sités, avec une géné­tique tournée vers la pro­duc­tiv­ité, et des muti­la­tions sys­té­ma­tiques pour adapter les ani­maux à un envi­ron­nement qui ne cor­re­spond pas à leurs besoins.
  • sur les pays du Sud : mise à l’écart de petit·es producteur·rices pour la pro­duc­tion et l’exportation mas­sive de soja pour les éle­vages au Nord, con­cur­rence des pro­duc­tions locales par des impor­ta­tions à moin­dres coûts (cas emblé­ma­tique de la poudre de lait)
Quelques chiffres :
  • En France, 80% des ani­maux élevés sont en sys­tème intensif
  • En France, 1 % des exploita­tions français­es pro­duisent les deux tiers des porcs, poulets et œufs produits
  • En Europe, 63 % des ter­res arables sont des­tinées à nour­rir les ani­maux d’élevage

Transition de l’élevage : pourquoi et vers quels modèles ?

Les mem­bres du Col­lec­tif Nour­rir con­sid­èrent que l’activité d’élevage, à con­di­tion de répon­dre à cer­taines exi­gences, a toute sa place dans un sys­tème agri­cole et ali­men­taire agroécologique. 

L’élevage est respon­s­able d’une part impor­tante des émis­sions de GES du secteur agri­cole (env­i­ron 80% à l’échelle européenne), qu’il con­vient de réduire pour lut­ter con­tre le dérè­gle­ment cli­ma­tique. Pour autant, les rumi­nants (vach­es, chèvres et mou­tons) sont un atout par leur capac­ité à entretenir les prairies naturelles, qui présen­tent un intérêt majeur en ter­mes de bio­di­ver­sité, de paysage et dont le stock­age de car­bone vient en par­tie com­penser les émis­sions de méthane des rumi­nants. Les autres ani­maux, comme les porcs et les volailles, émet­tent moins de GES mais leur ali­men­ta­tion à base de céréales entre en con­cur­rence directe avec l’alimentation humaine. Le dimen­sion­nement du chep­tel pour chaque espèce doit donc être réfléchi au regard des lim­ites plané­taires et en veil­lant à l’articulation entre les activ­ités d’élevage et l’ensemble du sys­tème agricole.

L’équation est com­plexe et la solu­tion n’est pas d’abandonner l’activité d’élevage, qui apporte un bou­quet de ser­vice indis­pens­able dans un sys­tème agroé­cologique. La tran­si­tion de l’élevage doit plutôt per­me­t­tre de réduire l’empreinte écologique de l’élevage, en réduisant le nom­bre d’animaux élevés en sys­tème indus­triel, tout en con­tin­u­ant de béné­fici­er des exter­nal­ités pos­i­tives de cer­tains mod­èles d’élevages paysans sur l’environnement et la société.

Les mod­èles d’élevages paysans, clé de voûte de la tran­si­tion de l’él­e­vage, se car­ac­térisent par l’autonomie dans l’alimentation et le soin des ani­maux, l’attention aux besoins des ani­maux, la val­ori­sa­tion de l’herbe et des végé­ta­tions spon­tanées, une lim­i­ta­tion du nom­bre d’animaux par per­son­ne active sur la ferme et une lim­i­ta­tion du recours aux antibi­o­tiques, pes­ti­cides et engrais minéraux. Les sys­tèmes d’élevage ou poly­cul­ture-éle­vage qui s’ancrent dans cette démarche respectent sou­vent le cahi­er des charges de l’agriculture biologique.

Quelques chiffres :

  • Dans le monde, 600 mil­lions de per­son­nes vivent de l’él­e­vage, soit 1/10ème de l’humanité
  • En France, 59% des fer­mes ont une activ­ité d’élevage
  • En France, 41% de la sur­face agri­cole utile est com­posée de prairies (herbe)

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Autres ressources utiles :

 

¹ Source : CIWF sur chiffres FAOSTAT 2017 à 2019
² Source CIWF : 95% des cochons sont en système dit « conventionnel » sur caillebotis intégral, sans litière, avec moins de 0,7m² par porc adulte et 83% des poulets de chair sont élevés en bâtiment sans accès extérieur ni lumière naturelle, issus de souches à croissance rapide.