Comprendre la Loi d’Orientation Agricole

Le Prési­dent de la République a annon­cé en sep­tem­bre 2022 sa volon­té de créer “un Pacte et une loi d’orientation et d’avenir agri­coles”. Les lois d’orientation agri­cole sont des pro­jets lég­is­lat­ifs visant à mod­i­fi­er en pro­fondeur la poli­tique agri­cole française. Cen­sé représen­ter le prin­ci­pal dossier poli­tique sur l’agriculture et l’alimentation pour ce sec­ond quin­quen­nat et, au vu des enjeux, cette loi pour­rait être struc­turante pour l’avenir du secteur.

La nouvelle loi d’orientation vise à répondre à un double enjeu

Le renouvellement des générations agricoles

En effet, la pop­u­la­tion agri­cole française ne cesse de dimin­uer : entre 1970 et 2020, nous sommes passés de 1,6 mil­lions d’agriculteur.rice.s à moins de 500 000. D’ici 10 ans, la moitié des agricul­teurs actuelle­ment en activ­ité auront atteint l’âge de la retraite, et le taux actuel d’installation en agri­cul­ture est insuff­isant pour com­penser ces départs (13 000 instal­la­tions agri­coles par an con­tre 21 000 arrêts annuels d’activité).

La transition écologique et l’adaptation aux enjeux climatiques

Les impacts du change­ment cli­ma­tique sur l’agriculture, déjà vis­i­bles aujourd’hui, sont nom­breux et ne cessent de s’intensifier : aug­men­ta­tion des besoins en eau, vari­abil­ité du régime de pré­cip­i­ta­tions, aug­men­ta­tion de la fréquence et de l’intensité des aléas cli­ma­tiques (sécher­ess­es, canicules, crues), pro­liféra­tion des mal­adies et ravageurs, baisse des rendements.

Un processus opaque pour une loi et un Pacte maintes fois repoussés

L’objectif ini­tial du gou­verne­ment était de présen­ter un Pacte (un recueil de mesures, de straté­gies, de mesures non-lég­isla­tives…) et un pro­jet de loi d’ici juin 2023. Seul le pro­jet de loi doit être débat­tu au Parlement.

Le min­istère de l’Agriculture et de la Sou­veraineté ali­men­taire a mis en place une con­cer­ta­tion de décem­bre 2022 à mai 2023, à laque­lle le Col­lec­tif Nour­rir et plusieurs de ses organ­i­sa­tions mem­bres ont par­ticipé. Cette con­cer­ta­tion s’est déclinée au niveau nation­al (con­cer­ta­tion des organ­i­sa­tions pro­fes­sion­nelles agri­coles, des syn­di­cats, des acteurs du secteur ali­men­taire et agroal­i­men­taire, des asso­ci­a­tions…), au niveau région­al (ani­mées par les Cham­bres d’Agriculture régionales), au niveau des étab­lisse­ments d’enseignement agri­cole, ain­si qu’en ligne avec une courte con­sul­ta­tion publique.

Cette con­cer­ta­tion visait à réfléchir col­lec­tive­ment aux actions à men­er autour de trois axes :

  • L’orientation et la formation
  • La trans­mis­sion des fer­mes et l’installation de nou­veaux agriculteurs
  • La tran­si­tion et l’adaptation face au climat

Depuis la fin des con­cer­ta­tions en mai 2023, aucune infor­ma­tion n’a été trans­mise aux par­ties prenantes con­certées sur la suite du proces­sus et sur l’élaboration du Pacte et de la loi. Après plusieurs reports, le min­istre de l’Agriculture et de la Sou­veraineté Ali­men­taire a finale­ment présen­té le con­tenu du Pacte et de la loi à la presse en décem­bre 2023. La majorité des mesures annon­cées ont été inté­grées au “Pacte”, et, par con­séquent, sans être débattues au Par­lement. Le pro­jet de loi a, quant à lui, été restreint à un nom­bre très réduit d’articles.

Quelles perspectives pour le projet de loi d’orientation agricole en 2024 ?

Dans un con­texte de fortes mobil­i­sa­tions agri­coles, le gou­verne­ment a annon­cé, début 2024, son souhait d’élargir le pro­jet de loi avec de nou­velles mesures por­tant sur la “sim­pli­fi­ca­tion” des normes et la sou­veraineté ali­men­taire. Ce nou­veau pro­jet de loi “élar­gi” doit être présen­té autour du Salon Inter­na­tion­al de l’Agriculture, qui a lieu du 24 févri­er au 5 mars.

Le pro­jet de loi ini­tial ayant déjà été exam­iné par le Con­seil d’Etat, seuls les nou­veaux arti­cles, que le gou­verne­ment souhaite ajouter, seront soumis pour un nou­v­el exa­m­en. Le nou­veau texte devra ensuite pass­er en Con­seil des Min­istres, avant d’être débat­tu à l’Assemblée Nationale et au Sénat.