À l’origine de sa conception, la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) visait le soutien à la transformation des pratiques agricoles, vers une meilleure prise en compte de l’environnement et au-delà de la seule question des pesticides. Malheureusement, plus de dix ans après son lancement, les organisations membres de la plateforme Pour une autre PAC dressent un constat tout autre.
Le label Haute Valeur Environnementale ne répond pas aux objectifs qui lui avaient été assignés.
Pire encore, il semblerait qu’elle contribue à verdir l’image de certains acteurs pourtant loin d’initier des changements de pratiques agricoles concrets. En effet, HVE ne se traduit pas par une réelle démarche de transition de l’ensemble des fermes qui y souscrivent, mais souvent, par la pérennisation de fermes aux pratiques environnementales très discutables. Certains acteurs usent malheureusement de la labellisation HVE pour communiquer de façon trompeuse sur leur ambition environnementale, plutôt que de s’engager dans une évolution structurelle de leur modèle agricole.
Alors que la préparation du Plan Stratégique National (PSN) de la France pour la PAC post 2020 s’accélèrent, de nombreuses voix s’élèvent, tant du côté des décideurs publics que des acteurs privés, pour préconiser la valorisation de la certification environnementale de niveau 3 (donnant droit à la labellisation Haute Valeur Environnementale) dans la prochaine PAC. Cette intégration de la certification environnementale est préconisée tantôt pour une équivalence dans la conditionnalité, tantôt pour une reconnaissance dans l’eco-dispositif du premier pilier (parfois même à son niveau 2), ou comme objectif de mesures de transition du 2e pilier et de programmes opérationnels.
La plateforme Pour une autre PAC s’oppose à toutes les formes d’intégration de la HVE dans la PAC post 2020.
Cette note a pour objet d’expliquer à toutes les parties prenantes impliquées dans la réforme de la PAC les raisons de cette opposition et d’alerter les décideurs publics sur les dangers d’un appui sur le label HVE dans la prochaine PAC. Comme nous le montrons ci-après, le cahier des charges de la HVE connaît de trop nombreuses lacunes pour que cette labellisation soit valorisée comme une finalité de la transition agroécologique. Il ne serait a fortiori pas acceptable, d’une part, de mettre sur un pied d’égalité HVE avec l’AB, notamment en termes d’allocation de financements publics et, d’autre part, d’accorder une quelconque reconnaissance dans la prochaine PAC à la certification environnementale de niveau 2.
En bref
Les paysans savent orienter leurs pratiques en fonction de la PAC. Si on leur propose un soutien pour une mesure de certification très peu exigeante telle que HVE, ils se tourneront vers cette certification, mais l’effet à en attendre ne sera qu’une augmentation du nombre de fermes labellisées et non une baisse de l’usage des produits phytosanitaires. À l’inverse, si les propositions de la plateforme Pour une autre PAC sont retenues, la France pourra à la fois mettre en avant une baisse structurelle de l’usage des produits phytosanitaires, mais aussi une augmentation des surfaces en prairies ou en infrastructures agroécologiques et du nombre de fermes en AB, dont les conséquences positives vont bien au-delà du seul enjeu des pesticides.