À l’aube de la prochaine réforme prévue pour 2028, et alors que les négociations européennes sur le cadre financier débutent, une refonte profonde est indispensable. Les crises écologiques, économiques, sociales et géopolitiques s’accumulent et rappellent combien notre système alimentaire est vulnérable. Fruit du travail de ses 54 organisations membres, le Collectif nourrir dessine les contours d’une Politique Agricole et Alimentaire Commune (PAAC) juste, durable et démocratique.
Une PAC actuelle qui fragilise plus qu’elle ne protège
Créée pour garantir la sécurité alimentaire et soutenir les agriculteur·rices, la PAC s’est progressivement éloignée de ses objectifs initiaux. Elle est devenue le levier d’un modèle productiviste, standardisé et inégalitaire, aux effets destructeurs : effondrement du nombre d’exploitations, épuisement des ressources naturelles, précarisation de celles et ceux qui produisent notre alimentation. Aujourd’hui, la PAC contribue à l’aggravation des déséquilibres plutôt qu’à leur résolution.
Le Collectif Nourrir dresse un constat sans appel : en l’état, la PAC ne garantit ni des revenus dignes aux agriculteur·rices, ni une alimentation saine et durable pour toutes et tous. Elle n’est ni sociale, ni écologique, ni démocratique.
Notre vision pour une PAAC à la hauteur des enjeux actuels.
Le Collectif Nourrir plaide pour une Politique Agricole et Alimentaire Commune (PAAC) qui aille au-delà de la PAC actuelle, qui soit capable de soutenir les agriculteurs et agricultrices par des prix rémunérateurs, de reconnecter la production agricole aux besoins alimentaires des populations, d’accompagner la transition agroécologique et de favoriser le renouvellement des générations agricoles. Une PAAC qui soit véritablement commune, démocratique, à la hauteur des enjeux de transition et cohérente dans une révision d’ensemble de l’action publique.
Ce document de vision met en avant les contours d’une PAAC à travers la mise en œuvre de trois leviers de transformation : un système de régulation des prix et des marchés, des aides ciblées pour les pratiques favorables à l’environnement et un programme global de renouvellement des générations et de dynamique des territoires.
« Nos institutions nationales et européennes doivent prendre leurs responsabilités pour que la production de notre alimentation soit résiliente face aux chocs actuels. Il en va de la capacité de notre système agricole et alimentaire à pouvoir nous nourrir sur le long-terme et offrir des perspectives aux paysannes et paysans. Dans cette perspective, la construction et la gouvernance de la future PAC doivent être un exemple de démocratie alimentaire et laisser la place à toutes les parties prenantes. » Mathieu Courgeau, co-président du Collectif Nourrir