La nomination de la nouvelle ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire intervient dans un contexte politique et de mobilisations dense, et alors qu’aucune réponse structurelle n’a été apportée à la crise du secteur ces derniers mois. Le Collectif Nourrir appelle Annie Genevard à prendre trois engagements pour apporter enfin des réponses à la hauteur des crises.
Face aux mobilisations agricoles de 2024 et aux impacts des crises sanitaire et climatique qui s’intensifient, tout le monde s’accorde sur la nécessité d’apporter une réponse rapide et adaptée aux préoccupations qui traversent le monde agricole depuis de nombreuses années. Le Collectif Nourrir fait le constat amer qu’en un an, plutôt que d’apporter des réponses structurelles, les différents gouvernements et leurs majorités en ont alimenté les causes.
L’instrumentalisation des mobilisations agricoles a mis au second plan des enjeux centraux comme ceux du renouvellement des générations et de la transition, pourtant désignés comme objectifs initiaux du projet de loi d’orientation agricole. La confusion encouragée entre simplification administrative et régression en matière de réglementation sociale et environnementale s’est par ailleurs traduite par des reculs majeurs. Une tendance confirmée par les dernières propositions de loi discutées visant à “lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur” ou à autoriser l’épandage de pesticides par drone.
Rien dans ces textes n’adresse les causes réelles de la crise agricole que sont l’absence d’un revenu juste, des règles commerciales inéquitables, le manque de réponse aux crises environnementale et sanitaire, et la perte de sens du métier d’agriculteur qui en découle. Pire, ils s’accompagnent de la montée d’un discours qui divise et fracture davantage la société, opposant tour à tour agriculteur·rices, défenseur·ses de l’environnement, consommateur·rices et producteur·rices des pays tiers.
Ces dernières semaines, les menaces et les attaques se sont multipliées à l’encontre des associations, des instituts de recherche et des pouvoirs publics. Non seulement cette violence est inacceptable, mais elle détourne par ailleurs l’attention des réponses nécessaires pour assurer la souveraineté alimentaire et le droit à l’alimentation.
La nouvelle ministre est nommée alors que les mobilisations agricoles ont repris depuis l’automne et que les prochains mois s’annoncent particulièrement denses : élections professionnelles agricoles en janvier, salon international de l’agriculture fin février et publication de la vision de la commission européenne sur l’agriculture en mars. Autant de rendez-vous clés qui doivent définir le futur de notre agriculture et de notre alimentation et non favoriser des réponses court-termistes au bénéfice de quelques-uns.
Le Collectif Nourrir appelle la Ministre à mettre un terme à la mise en danger de l’avenir des agriculteur·rices, des citoyen·nes et de l’environnement, en s’engageant dès sa prise de fonction à :
- acter d’une nouvelle méthode garantissant la participation démocratique et l’implication dans les espaces de construction des politiques publiques de l’ensemble des organisations engagées sur les enjeux agricoles et alimentaires;
- rejeter tout soutien du gouvernement aux propositions de lois de l’Assemblée Nationale ou du Sénat actant des régressions sur le plan social et environnemental et en particulier la proposition de loi visant à “lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur”;
- porter la juste rémunération des agriculteur·rices, le renouvellement des générations, la transition agroécologique dont l’agriculture biologique et le droit à l’alimentation comme les priorités des politiques agricoles françaises et européennes.
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