Demain, le 7 décem­bre, démarre offi­cielle­ment la con­cer­ta­tion sur la future Loi d’Orientation Agri­cole (LOA). L’ob­jec­tif fixé par le Prési­dent de la République début sep­tem­bre, est de pren­dre à bras le corps le défi démo­graphique agri­cole en ten­ant compte des enjeux de demain, notam­ment cli­ma­tiques. Nos 53 organ­i­sa­tions se félici­tent que le sujet du renou­velle­ment des généra­tions et des tran­si­tions soit enfin traité dans le cadre d’une loi d’ori­en­ta­tion. Il y a urgence puisque la France a per­du env­i­ron 100 000 paysans depuis 10 ans, et que près de 250 000 autres seront en âge de faire val­oir leur droit à la retraite dans les 10 ans à venir.  Pour enray­er la dis­pari­tion des fer­mes,  l’objectif doit être ambitieux : installer un mil­lion de paysans et de paysannes en France d’ici 2050.

Pour assurer l’avenir du secteur agricole français, misons sur l’installation et les transitions

La LOA doit assur­er un avenir au secteur agri­cole français en répon­dant aux nom­breux enjeux aux­quels il est con­fron­té comme le revenu, la répar­ti­tion du fonci­er, la prise en compte de l’environnement ou du bien-être ani­mal, le renou­velle­ment des généra­tions, etc. Pour y par­venir, miser sur l’installation mas­sive de paysans y com­pris non-issus du milieu agri­cole ain­si que sur la tran­si­tion des fer­mes pour adapter notre agri­cul­ture au change­ment cli­ma­tique est prioritaire.

Pour Clotilde Bato, co-prési­dente du Col­lec­tif Nour­rir, « Tous les mod­èles ne se valent pas pour enray­er la dis­pari­tion des fer­mes. Les dis­sen­sions sont réelles sur la voie à suiv­re entre, d’un côté, les ten­ants d’une agri­cul­ture pro­duc­tiviste boost­ée par le tout tech­nologique et les sub­ven­tions, puis, de l’autre, les acteurs de l’agroécologie paysanne et de l’agriculture biologique. Assur­er notre sou­veraineté ali­men­taire et la péren­nité de l’a­gri­cul­ture française passe par des mesures ambitieuses sur l’installation et la trans­mis­sion, con­juguées à des arbi­trages clairs de la part du min­istre sur le type de mod­èle à soutenir. » La con­cer­ta­tion sur la LOA doit per­me­t­tre de définir une vision com­mune du sys­tème agri­cole et ali­men­taire vers lequel nous voulons ten­dre et faire le lien avec les autres dis­cus­sions en cours sur la plan­i­fi­ca­tion écologique.

Sans débat démocratique ni arbitrage politique fort, le statu quo agricole sera maintenu

Le Col­lec­tif Nour­rir a déjà souligné la néces­sité d’une con­cer­ta­tion trans­par­ente et inclu­sive. Mais si Marc Fes­neau a affir­mé l’im­por­tance du dia­logue avec de mul­ti­ples par­ties-prenantes dans l’élaboration de la future LOA, l’expérience des récentes négo­ci­a­tions sur la PAC nous alerte sur l’ambition néces­saire de la part des pou­voirs publics pour don­ner à cette nou­velle loi toute son efficacité.

Pour Math­ieu Courgeau, paysan en Vendée et co-prési­dent du Col­lec­tif Nour­rir, « Nous con­nais­sons déjà les con­séquences du main­tien d’un statu quo en matière de poli­tique agri­cole : crises ali­men­taire, économique et cli­ma­tique. Il est plus que jamais l’heure de réori­en­ter notre agri­cul­ture sur la base de solu­tions déjà mis­es en œuvre sur le ter­rain par des paysans et paysannes et qui répon­dent aux attentes socié­tales. L’agriculture est un ter­reau d’emplois et un secteur d’avenir mais les poli­tiques doivent choisir de soutenir la tran­si­tion vers l’agroécologie paysanne, dont l’agriculture biologique. Il revient au min­istre d’instaurer et de respecter le débat démoc­ra­tique en con­sid­érant l’ensemble des per­spec­tives et en faisant un choix poli­tique ambitieux. »

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