Après son examen en Commission des Affaires économiques début mai, le projet de loi d’orientation agricole est depuis débattu en séance publique à l’Assemblée nationale. Des discussions qui laissent présager un texte de loi peu ambitieux face aux défis de la transition agroécologique et du renouvellement des générations agricoles.
En cause à ce stade : le premier article du projet de loi, dont la réécriture par la majorité présidentielle présente de multiples points problématiques ayant fait l’objet de plusieurs jours de débats dans l’hémicycle. Un article dont le rôle est pourtant clé, puisqu’il a pour objectif d’établir les grandes orientations de la loi et de déterminer ainsi le cap que souhaite prendre l’État en matière de politiques agricoles.
L’article 1 : présage d’une loi au rabais
L’article 1 introduit la notion “d’intérêt général majeur” de l’agriculture. Un ajout dit “symbolique” mais qui risque de renforcer la mise en opposition entre agriculture et environnement et de reléguer la protection de l’environnement au second plan. Cette notion s’inscrit dans un cadre qui doit garantir la souveraineté alimentaire de la nation, dont la vision proposée par le gouvernement tend vers une vision exportatrice et de compétitivité des marchés. Une conception qui exclut ainsi le droit des paysans au Nord et au Sud et le droit à l’alimentation des citoyens reconnus par la définition de l’ONU.
Sur les enjeux d’installation et de transmission, le premier article inscrit enfin le principe de respect de l’intégration de la pluralité des acteurs agricoles dans les parcours d’accompagnement des nouveaux agriculteurs. Cela signifie inclure davantage notamment les organisations paysannes membres du Collectif Nourrir (Civam, FADEAR, Terre de Liens, SOL, Miramap, FNAB, Reneta). Ces structures accompagnent aujourd’hui un tiers des installations en agriculture et défendent l’agroécologie mais restent mal reconnues des pouvoirs publics. Ce premier pas vers la reconnaissance de ces acteurs devra être concrétisé dans l’article 10 du projet de loi, et est toutefois nuancé par l’absence d’une orientation claire des futurs agriculteurs vers l’agroécologie dont l’agriculture biologique.
Une démarche d’entrave à la transition agroécologique qui s’exprime aussi au travers de la suppression des objectifs de développement des surfaces agricoles cultivées en agriculture biologique et en légumineuses. Un véritable frein à la transition qui, après de multiples indignations des députés de l’opposition et des organisations de la société civile, a fait l’objet d’un retour en arrière du Ministre de l’agriculture Marc Fesneau invoquant un “droit à l’erreur”. Alors que la LOA doit favoriser la transition écologique de notre agriculture, ce revirement doit encore être concrétisé dans le texte final.
Pour une loi à la hauteur, interpellons les député·es
Censé relever les défis du renouvellement des générations en agriculture et de la transition agroécologique, le projet de loi d’orientation agricole, en proposant une vision et des objectifs au rabais, s’avère loin d’être à la hauteur de ces enjeux.
Pour des politiques agricoles justes, démocratiques et écologiques, il est donc urgent que le projet de loi change de cap.
Dans le cadre de la campagne Avec ou sans paysans, le Collectif Nourrir lance un mouvement d’interpellation des député·es, afin qu’ils se mobilisent en faveur d’un texte de loi ambitieux à la hauteur des enjeux d’installation, de transition et de souveraineté alimentaire.
Pour aboutir à une loi qui garantisse un système agroécologique et biologique, résilient et rémunérateur, porté par de nombreuses fermes à taille humaine, il est nécessaire d’agir pour :
- La reconnaissance de la souveraineté alimentaire telle que définie par l’ONU, qui garantit le droit des paysan·nes et le droit à l’alimentation des citoyen·nes
- L’orientation et l’accompagnement des futurs agriculteur·rices vers l’agroécologie dont l’agriculture biologique
- La généralisation de l’agroécologie comme priorité et la mise en place de mesures en faveur de la transition
Interpellez dès maintenant vos député·es sur https://avec-ou-sans-paysans.fr/
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