Le Con­seil européen réu­ni aujourd’hui à Brux­elles doit débat­tre d’un sujet cru­cial pour l’agriculture et l’alimentation : l’ar­chi­tec­ture du futur Cadre Financier Pluri­an­nuel inclu­ant la Poli­tique agri­cole com­mune (PAC). Le Col­lec­tif Nour­rir appelle la France à ne pas sac­ri­fi­er notre sou­veraineté ali­men­taire dans un con­texte de ten­sions géopoli­tiques et com­mer­ciales, de crise cli­ma­tique et d’effondrement de la  bio­di­ver­sité. Nous deman­dons au Con­seil un bud­get solide qui garan­tisse le renou­velle­ment généra­tionnel et sou­ti­enne la tran­si­tion agroécologique. 

Le Cadre Financier Pluri­an­nuel (CFP) 2028–2034 en dis­cus­sion aujourd’hui au Con­seil européen présente une archi­tec­ture totale­ment boulever­sée. Il pro­pose notam­ment de regrouper la PAC avec d’autres poli­tiques (comme la cohé­sion, la pêche ou la ges­tion des fron­tières), risquant de met­tre en con­cur­rence budgé­taire ces dif­férents secteurs. Par ailleurs, il con­sacre aus­si l’ab­sence d’objectifs envi­ron­nemen­taux, san­i­taires et soci­aux ambitieux dans la PAC et relègue les mesures de développe­ment rur­al au sec­ond plan. Les nou­veaux mécan­ismes de cofi­nance­ment, néces­si­tant de plus fortes con­tri­bu­tions nationales, risquent aus­si de frag­ilis­er l’action com­mune européenne sur des enjeux pour­tant essentiels.

Le texte présen­té cet été par la com­mis­sion européenne com­porte cer­taines avancées, notam­ment en matière de ciblage des aides au revenu, de pla­fon­nement et dégres­siv­ité des aides sur­faciques, et de sou­tien à l’in­stal­la­tion. Il est en effet temps de met­tre fin à la course à l’a­gran­disse­ment qui rend impos­si­ble toute poli­tique de renou­velle­ment des généra­tions sérieuse. Nous appelons à ce que ces dis­po­si­tions soient con­fir­mées par le Conseil. 

La France et les Etats mem­bres doivent par ailleurs s’attaquer à la faib­lesse du car­ac­tère com­mun de la nou­velle archi­tec­ture pro­posée. Elle ouvre en effet la porte à une nation­al­i­sa­tion accrue de la PAC, à l’exacerbation des con­cur­rences intra-européennes et à l’affaiblissement du marché com­mun, sous fond d’une géopoli­tique mon­di­ale incertaine.

Le Col­lec­tif Nour­rir appelle à faire naître de la future réforme une véri­ta­ble Poli­tique Agri­cole et Ali­men­taire Com­mune (PAAC) à même de répon­dre aux enjeux économiques, envi­ron­nemen­taux et soci­aux aux­quels nous faisons face. S’il s’agit d’assurer notre sou­veraineté ali­men­taire, alors les Etats doivent s’engager à péren­nis­er nos capac­ités de pro­duc­tion en sou­tenant l’agroécologie et l’installation de paysannes et de paysans nom­breux sur les ter­ri­toires et à réguler les marchés pour garan­tir des revenus agri­coles dignes. 

Les précé­dentes réformes de la PAC n’ont pas répon­du aux enjeux cen­traux. La sit­u­a­tion s’est même aggravée. Les paysans et paysannes sont de moins en moins nom­breux, vivent mal de leur méti­er, et les citoyens européens ont de plus en plus de dif­fi­cultés à se nour­rir digne­ment. Il en va de la respon­s­abil­ité des Etats mem­bres, aujourd’hui, d’offrir à la PAC un avenir à la hau­teur des enjeux agri­coles et ali­men­taires.  Il faut la dot­er d’objectifs et d’un cadre budgé­taire ambitieux qui per­me­t­tent aux paysans de vivre et aux citoyens de se nour­rir saine­ment et selon leurs choix.  ” – Math­ieu Courgeau, co-Prési­dent du Col­lec­tif Nourrir.