Texte pub­lié dans Libération

Après un pas­sage en force à l’Assemblée nationale, pri­vant les citoyens et citoyennes d’un véri­ta­ble débat démoc­ra­tique pour­tant indis­pens­able sur les con­séquences de ce texte, la suite arrive très bien­tôt pour la loi Duplomb. À par­tir du 30 juin, elle sera dis­cutée en Com­mis­sion Mixte Par­i­taire (CMP), une instance seule­ment com­posée de 7 député·es et 7 sénateur·rices, chargée de trou­ver une ver­sion défini­tive du texte. Ensuite, elle sera soumise à un vote final à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Mais cette loi, nous n’en voulons pas, et nous avons encore la pos­si­bil­ité de nous mobilis­er con­tre son adop­tion par une mobil­i­sa­tion mas­sive et déter­minée. Paysans, sci­en­tifiques, apicul­teurs, médecins, organ­i­sa­tions de la société civile, citoyens : les alertes sur la dan­gerosité de cette propo­si­tion de loi ont été nom­breuses. Elles ont été ignorées et bal­ayées d’un revers de main par le vote d’une motion de rejet qui n’a pas per­mis la tenue de débats à l’Assem­blée nationale alors que le futur de notre agri­cul­ture et de notre ali­men­ta­tion nous con­cerne toutes et tous.

Une loi qui ignore les réelles préoccupations des agriculteurs et des citoyens

Alors qu’elle pré­tend répon­dre aux préoc­cu­pa­tions des agricul­teurs, la propo­si­tion de loi ignore en réal­ité les caus­es struc­turelles de la crise agri­cole : insta­bil­ité des revenus et injuste répar­ti­tion de la valeur dans les fil­ières, absence d’accompagnement à la tran­si­tion agroé­cologique et à l’adaptation au change­ment cli­ma­tique. Loin de lever les con­traintes, elle les amplifie. 
Cette loi va aus­si à l’encontre des attentes des citoyens : près de 170 000 mes­sages ont été envoyés par des citoyens aux min­istres et aux députés afin de dénon­cer les risques que fait peser ce texte. Des agricul­teurs et apicul­teurs ont égale­ment inter­pel­lé les élus pour expli­quer en quoi cette propo­si­tion de loi ne répond pas à leurs préoc­cu­pa­tions et met en péril leurs capac­ités à pou­voir durable­ment assur­er notre sou­veraineté ali­men­taire. Ces alertes ont pour­tant été ignorées.

Une loi qui favorise la destruction de l’environnement

Dépen­dance aux pes­ti­cides de syn­thèse, facil­i­ta­tion de l’accaparement de la ressource en eau par l’accélération de la con­struc­tion des méga-bassines, destruc­tion de zones humides, allège­ment des normes pour les pro­duc­tions ani­males indus­trielles — les éle­vages les plus inten­sifs — : la propo­si­tion de loi visant à lever les con­traintes à l’exercice du méti­er d’agriculteur va avoir pour con­séquence de favoris­er des mod­èles indus­triels coû­teux et pol­lu­ants. Des mesures portées au détri­ment d’une agri­cul­ture résiliente et respectueuse de l’environnement pour­tant néces­saire et souhaitée par 85% des agricul­teurs. Cette loi pour­rait com­pro­met­tre durable­ment nos capac­ités à répon­dre à l’enjeu de sou­veraineté ali­men­taire, érigé comme majeur par nos poli­tiques publiques.

Une loi contre la santé, contre la science, contre l’intérêt général

L’interdiction de pes­ti­cides con­stitue une source de préoc­cu­pa­tion pour seule­ment 4% des agricul­teurs inter­rogés. Or la loi en fait une pri­or­ité en pro­posant de réin­tro­duire cer­tains néon­i­coti­noïdes aujourd’hui inter­dits et de large­ment affaib­lir l’indépendance sci­en­tifique de l’Agence de sécu­rité san­i­taire (ANSES) en s’attaquant à ses com­pé­tences d’évaluation de la mise sur le marché de pes­ti­cides. En aggra­vant la con­t­a­m­i­na­tion de l’eau, l’exposition des paysans et des riverains à des pro­duits tox­iques, elle risque de pos­er un réel dan­ger en matière de san­té publique. Plus de 1000 médecins et sci­en­tifiques se sont opposés à la loi Duplomb dans une let­tre ouverte, aler­tant depuis plusieurs semaines sur ses dan­gers. Le refus per­sis­tant d’écouter leurs aver­tisse­ments témoigne d’un tour­nant inquié­tant : celui d’une mise à dis­tance crois­sante de la sci­ence, des faits, et de l’expertise sanitaire. 

Alors, on agit. Ensemble. Partout.

Nous appelons à une mobil­i­sa­tion de tous et toutes. Sur les places de vil­lages, devant les mairies, devant les per­ma­nences de vos députés, dans nos rues : faisons enten­dre notre voix. Que vous soyez 5, 15 ou 50, chaque rassem­ble­ment comptera pour dire notre refus de cette loi toxique.

Retrou­vons-nous le 29 juin partout en France pour faire enten­dre une voix forte, paysanne, citoyenne, sci­en­tifique et écologique.

À Paris, nous appelons à se mobilis­er 24h con­tre la loi Duplomb, du 29 au 30 juin, jour de la tenue de la CMP et qui sera suiv­ie du vote solen­nel des par­lemen­taires. Un moment clé pour dire NON à une loi qui ne vise pas à nour­rir mais à détruire.

On compte sur votre mobil­i­sa­tion pour les paysans, pour notre san­té, pour notre envi­ron­nement et pour le respect de la sci­ence.

Signataires de l’appel

Organ­i­sa­tions nationales

Con­fédéra­tion paysanne, Union Nationale de l’Api­cul­ture Française (UNAF), Col­lec­tif Nour­rir, Réseau CIVAM, MIRAMAP, Terre de Liens, Green­peace France 
Généra­tions Futures, La Ligue pour la pro­tec­tion des oiseaux (LPO), France Nature Envi­ron­nement, Fon­da­tion pour la Nature et l’Homme, WWF France, Réseau Action Cli­mat, CIWF France, Agir pour l’environnement, Com­bat Mon­san­to, Can­cer Colère, Alerte des médecins sur les pes­ti­cides, Réseau Envi­ron­nement San­té, Bio Con­som’ac­teurs, Secrets tox­iques, Col­lec­tif Viet­nam Diox­ine, Extinc­tion Rebel­lion, Notre Affaire à Tous, CCFD Terre Sol­idaire, Oxfam France, Attac France, SOL, POLLINIS, Amis de la Terre France, CGT — Con­fédéra­tion générale du tra­vail, CGT Envi­ron­nement, Fédéra­tion CGT de l’E­quipement et de l’En­vi­ron­nement, Union syn­di­cale Sol­idaires, Fédéra­tion Syn­di­cale Uni­taire, SNETAP FSU (Syn­di­cat Nation­al de l’Enseignement Tech­nique Agri­cole Pub­lic), SNICS FSU (Syn­di­cat Nation­al des Infir­mières Con­seil­lères de San­té), Food­watch France, ADEIC — Asso­ci­a­tion de Défense du Con­som­ma­teur, Terre & Human­isme, Les Ami·e·s de la Con­fédéra­tion paysanne, VRAC France, Ter­res de luttes, Noé, Max Have­laar France, WWOOF France, Women Engage for a Com­mon Future, Human­ité et Bio­di­ver­sité, RESES, Le Col­lec­tif Les Pieds dans le Plat, QUATRE PATTES, Adar Civam, Terre d’Abeilles

Organ­i­sa­tions locales

Alerte Pes­ti­cides Haute Gironde, Antenne mayen­naise du Col­lec­tif de Sou­tien aux vic­times des pes­ti­cides de l’ouest, Con­fédéra­tion paysanne de la Somme, Con­fédéra­tion paysanne de l’Oise, Con­fédéra­tion paysanne de l’Aisne, FRAB AuRA (Fédéra­tion Régionale d’A­gri­cul­ture Biologique d’Au­vergne-Rhône-Alpes), France Nature Envi­ron­nement  Puy-de-Dôme, Terre de Liens Aquitaine, Terre de Liens Pays de la Loire, Terre de Liens Nor­mandie, Terre de Liens Lim­ou­sin, Terre de Liens Bre­tagne, Terre de Liens Poitou Char­entes, Terre de Liens — Île-de-France, Terre de Liens Bour­gogne-Franche-Comté, Extinc­tion Rebel­lion Aux­erre, Green­peace Poitiers, Groupe local Green­peace Tours, Groupe­ment région­al des CIVAM en Provence Alpes Côtes d’Azur, Coqueli­cots de Paris, Le Col­lec­tif, Bassines Non Mer­ci 79, Le col­lec­tif Bassines Non Mer­ci 63, LPO Loire Atlan­tique, LPO Gers, LPO Anjou, Amis de la Terre Lim­ou­sin, Les Soulève­ments de la Terre Île-de-France, CIVAM31, Civam Hauts De France, FR Civam Cen­tre Val de Loire, FR CIVAM Pays de la Loire, FR CIVAM Auvergne, CIVAM 35 Instal­la­tion Trans­mis­sion, CIVAM Adage 35, CIVAM 44, CIVAM 26, Fédéra­tion des civam lim­ou­sin, Civam Béarn, BLE Civam bio du Pays Basque, Les Ami·e·s de la Con­fédéra­tion paysanne 33, Accueil Paysan 35, Nous Voulons des Coqueli­cots Grand Châteller­ault, Fer­mes paysannes et sauvages, GRAP – Groupe­ment Région­al Ali­men­taire de Prox­im­ité — Lyon, AGRIBIO Alpes-Mar­itimes, AMAP Les Radis Act­ifs, Les AMAP de Provence