La prochaine Politique Agricole Commune (PAC) entrera en vigueur au 1er janvier 2023. Si sa déclinaison française, le plan stratégique national (PSN) a été validée par la Commission européenne le 31 août dernier, le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (MASA) continue de consulter les parties prenantes sur certains détails de la mise en œuvre. En parallèle, la constitution du comité de suivi du PSN sur la période 2023–2027 a été annoncée. Le Collectif Nourrir y prendra part en s’inscrivant dans la continuité du travail de plaidoyer effectué par Pour une autre PAC : alerter sur les lacunes de la nouvelle PAC et contribuer à l’amélioration du PSN à chaque révision annuelle.
Conditionnalité sociale : les manquements au droit du travail pourront donner lieux à des réductions d’aides PAC
Parmi les éléments récemment discutés entre le MASA et les parties prenantes, figure l’application de la nouvelle conditionnalité sociale. Au socle de « bonnes conditions agricoles et environnementales » (normes environnementales de base qui conditionnent l’octroi des aides au revenu du premier pilier de la PAC), s’ajoute une nouvelle exigence sur le plan social. Cette disposition commune à l’ensemble des États membres consiste à appliquer des sanctions (réduction des aides) en cas de non-respect du droit du travail inscrit dans le règlement PAC¹. Les manquements constatés par l’inspection du travail et qui auront donné lieu à une décision exécutoire (procès verbal ou sanction administratives) seront signalés auprès des organismes payeurs des aides PAC, qui appliqueront la réduction d’aide (proportionnelle à l’étendue, à la récurrence et à la gravité du manquement, comme c’est le cas pour les manquements aux exigences de la conditionnalité environnementale). Cette nouvelle disposition entrera en vigueur au 1er janvier 2023 en même temps que la nouvelle PAC.
Haute Valeur Environnementale : textes définitifs sur le nouveau cahier des charges et précision sur l’articulation avec l’éco-régime
Le décret et l’arrêté relatifs à la certification Haute Valeur Environnementale (HVE), qui résultent des travaux menés par la Commission nationale de la certification environnementale (CNCE), ont été publiés au Journal officiel le 22 novembre. L’arrêté détaille notamment les évolutions du cahier des charges, malheureusement insuffisantes et décidées à la hâte.
Le décret évoque quant à lui l’articulation entre ce nouveau cahier des charges et la PAC, puisque la certification HVE donne le droit d’accéder à l’éco-régime (la nouvelle aide environnementale de la PAC). Le texte précise ainsi que :
- Les exploitants qui auront été certifiés pour la première fois entre le 1er octobre 2022 et le 31 décembre 2022 ne sont pas, au titre de leur certification, éligibles à l’éco-régime.
- Les exploitants certifiés sur l’ancien cahier des charges pourront faire valoir leur certification pour accéder à l’éco-régime pour la campagne PAC 2023.
Le MASA donne ainsi une dérogation d’un an pour permettre aux 25 000 exploitations actuellement certifiées, de bénéficier de l’éco-régime au titre de la certification sur l’ancien cahier des charges HVE la première année de la nouvelle PAC. Aussi, la seconde précision vise à éviter un éventuel effet d’aubaine pour des agriculteurs qui voudraient se certifier juste avant que le cahier des charges n’évolue. Pour le Collectif Nourrir, la rénovation récente du cahier des charges HVE n’a pas apporté d’améliorations significatives sur les garanties environnementales du label, qui seraient à même de justifier d’une équivalence au titre de l’éco-régime. L’étude commandée spécialement par l’Office Français de la Biodiversité en vue de la refonte de la HVE recommandait une refonte bien plus importante, mais ses résultats n’ont pas été pleinement pris en compte.
Nomination des membres du comité de suivi du PSN
Enfin, parmi les récentes annonces sur la PAC, figure la nomination des membres du comité de suivi, l’instance chargée de suivre la mise en œuvre du PSN au niveau national. Le Collectif Nourrir avait demandé à en faire partie et a obtenu une réponse favorable comme plusieurs de ses organisations membres (Confédération Paysanne, FNAB, FNE, WWF et Réseau CIVAM).
Le règlement européen de la PAC prévoit que ce comité se réunisse « au moins une fois par an et examine toutes les questions ayant une incidence sur les progrès réalisés en vue d’atteindre les valeurs cibles PSN ». Autrement dit, il s’agit pour les organisations professionnelles agricoles et de la société civile d’exercer un droit de regard sur l’application de la PAC et de formuler des recommandations pour l’améliorer en cours de programmation. Des comités de suivi au niveau régional seront également mis en place.