Dans un contexte de débats sur l’impact de la consommation de viande sur le changement climatique, de concertations sur la future loi d’orientation agricole en France et à l’approche de la révision de la législation sur le bien-être animal au niveau européen, les organisations paysannes et de la société civile du Collectif Nourrir publient leur vision commune d’un avenir souhaitable de l’agriculture française réconciliant élevage et environnement.
Élevage industriel, élevage paysan, quelle différence ?
Pour le Collectif Nourrir, tous les modèles d’élevages ne se valent pas. Les productions animales industrielles ont des effets négatifs majeurs sur le revenu des paysans, les conditions de travail, le bien-être animal, l’environnement et les pays du Sud.
Cependant, l’activité d’élevage a toute sa place dans un système agricole et alimentaire durable, et doit être porté par de nombreux paysan·nes, à condition de répondre à certaines exigences :
- conservation de fermes “à taille humaine”
- garantie du respect des écosystèmes
- maintien de conditions de travail et de rémunération viables
- respect du bien-être des animaux
- adaptation aux besoins des territoires
Le collectif Nourrir affirme donc d’une voix unie son opposition aux systèmes de productions animales industrielles, qu’il distingue de l’élevage paysan. L’incitation récurrente à « ne pas opposer les modèles » n’est plus entendable, dès lors que le premier menace la survie du second.
Quelles actions pour garantir l’avenir d’un élevage compatible avec l’environnement ?
La réduction de l’empreinte environnementale de l’élevage doit prendre en compte l’ensemble des enjeux (agronomiques, climatiques, de biodiversité et d’économie rurale). La lutte contre le changement climatique doit en effet nous inciter à une réduction globale du cheptel tandis que les enjeux de préservation de la biodiversité doivent nous amener à renforcer les élevages paysans, dont ceux en agriculture biologique. Il ne s’agit donc absolument pas d’abandonner l’activité d’élevage, mais bien d’opérer sa transition vers des modèles d’élevages paysans qui apportent des bénéfices pour l’environnement.
L’installation d’éleveur·se·s est une urgence et ne pourra s’opérer sans une plus grande attractivité du métier. Maintenir des conditions de travail et de rémunération viables, garantir le respect des écosystèmes et des animaux, mais également faire en sorte de conserver des fermes « à taille humaine » sont des facteurs déterminants de cette attractivité, indispensable au renouvellement des générations en élevage.
Dans le contexte de la concertation autour de la Loi d’Orientation Agricole menée par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, le gouvernement doit remédier aux difficultés croissantes des paysan·ne·s qui œuvrent pour des systèmes d’élevage respectueux de l’environnement et du bien-être des animaux, en plus des difficultés de renouvellement à venir dans les 10 prochaines années.